Les 150 propositions de la convention climat ont un point commun : la sobriété.
La sobriété à tout prix diront certains avec un brin d’ironie, et en ligne de mire, un sentiment de frustration à venir.
La sobriété est un des thèmes pivots de ce blog. En effet, saisir les nombreux avantages de la sobriété transforme paradoxalement cette sobriété en richesse.
Les mesures phares de la convention impliquant la sobriété
Commençons par rappeler quelques extrait des mesures emblématiques :
- “Limitation de la vitesse à 110km/h,
- interdiction de vendre des véhicules produisant des gaz à effet de serre,
- obligation de rénover les habitats,
- interdiction des plastiques à usage uniques,
- ne plus chauffer les terrasses de restaurants et de cafés,
- interdiction de l’artificialisation des terres tant que des friches commerciales, artisanales ou industrielles sont disponibles,
- diminuer l’usage des pesticides en interdisant notamment les pesticides les plus dommageables pour l’environnement,
- afficher l’empreinte carbone des produits sur l’emballage,
- interdire la publicité des produits les plus polluants, obliger la publicité à faire passer des messages incitant à moins consommer
- …”
Interdictions, obligations, diminutions : selon les habitudes de vie, ces mesures peuvent être perçues comme des privations de liberté.
De la frustration à l’adoption
Comment transformer le sentiment de frustration en quelque chose de positif, voire de bénéfique ?
En agissant sur la motivation.
Expliquer par exemple les raisons d’un passage de 130 km/h à 110km/h. Cela permet de réduire les gaz à effet de serre, sa facture en essence. Certes, les longs trajets seront encore plus long. Or, le temps est ce que l’on souhaite réduire le plus lors d’un long trajet.
La facture d’essence est perçue au second plan, surtout lorsque les cours du pétrole est bas. La réduction des GES est encore tellement abstraite, qu’elle peut difficilement constituer une motivation.
Alors ces 110km/h, la frustration pour le plus grand nombre ?
Sans doute.
Pourtant, de nombreux pays ont déjà adoptés cette mesure, tels le Royaume-Unis ou la Suède. Ce n’est donc pas impossible à réaliser.
Si maintenant, on comprend que l’on peut réduire sa consommation de 25% environ en roulant à 110km/h au lieu de 130km/h, et de 57% vs 150km/h. Si tout le monde roulait donc à 110km/h, la baisse serait presque instantanée, pour un effort somme toute… acceptable. (source)
Ainsi, la motivation se transmet si elle compréhensible et mesurable. Elle doit être expliquée.
Et dans ce cas précis, d’abord comprendre pourquoi il est important de réduire les GES et la dépendance aux produits pétroliers. Puis en quoi cette mesure a des conséquences positives.
Mais si on n’est pas convaincu de la nécessité de baisser les émissions de GES, il sera impossible de ressentir autrement cette mesure que comme une injustice, et donc une énorme frustration.
La Sobriété heureuse : et si cette sobriété profitait autant à notre bonheur qu’à la planète ?
Vivre en consommant moins de ressources et d’énergie permettrait de maintenir la planète dans un niveau d’équilibre qui profiterait aussi bien au biotope actuel qu’à l’être humain. Et ceci, dans une stabilité acceptable. Car notre plus grand enjeu est d’être en capacité de subir les secousses liées à la diminution des ressources, en les anticipant.
Voyons maintenant si la sobriété peut ou pas, améliorer notre qualité de vie.
Paradoxalement, la sobriété permet de découvrir de nouveaux horizons
J’expérimente ce que nous avions pressenti pendant l’année sabbatique de notre famille. Ainsi, par exemple, à notre retour, nous nous sommes résolus à désencombrer notre maison, à utiliser ce que nous possédions déjà et à tendre aussi, vers ce que l’on appelle le zéro déchet.
Nous vivons extrêmement bien ces décisions.
Notre logement est beaucoup plus agréable à vivre, plus aéré, plus pratique et surtout plus facile à entretenir. Ceci nous permet de dégager des ressources financière et surtout du temps. La ressource la plus précieuse de notre époque.
La promesse d’un mieux-être est tenue.
Tendre vers le zéro déchet a des incidences insoupçonnées
Le zéro déchet consiste à limiter au maximum les emballages, le gaspillage. Au niveau alimentaire, cela implique moins de produits transformés et donc plus de cuisine.
Notre alimentation s’est fortement améliorée, sans que notre budget en pâtisse car nous achetons ce dont nous avons besoin : des produits frais, le moins transformés possible. Aujourd’hui, nous fréquentons davantage les livres de recettes de cuisine que les zones de tentations…
De manière inattendu, avoir moins à choisir, à refuser, permet de libérer son esprit. Ce n’est pas flagrant tout de suite, mais sur le long terme, c’est une charge en moins.
Alors, certes, tendre vers le zéro déchet est un effort non négligeable, car la distribution n’est pas encore organisée.
Et oui, cela demande plus de temps que d’acheter des produits prêts à être consommer. Mais justement, nous en avons libéré, du temps. Et notre activité professionnelle ? Là aussi, nous avons pris de grandes décisions et sommes en phase de transition.
De grands changement, certes, entrepris sur les bases de motivations profondes, elles-mêmes construites d’après les conclusions de notre année sabbatique…
Zéro déchet et minimalisme
Un autre effet collatéral du zéro déchet est de tendre vers le minimalisme.
Qu’est-ce que le minimalisme ? Avoir moins de chose. A acheter, à entretenir. Et, à l’inverse plus et mieux utiliser ce que l’on a choisi de conserver.
Si l’on veut minimiser ses déchets, la logique veut que l’on consomme moins. Et au bout d’un certains temps, posséder moins d’objets au quotidien.
Ainsi, de manière contre-intuitive, on peut découvrir que la sobriété apporte du bonheur. Et un bonheur qui a plus de sens et qui est plus durable.
Une sobriété également bienvenue pour notre environnement, mais en contradiction avec le système économique actuel, qui doit d’une manière ou d’une autre, se réinventer.
Pour aller plus loin…
Changement comptable : ressources naturelles et création de richesse
Les conséquences de cette sobriété, que d’aucuns nomment “décroissance”, seront aussi une remise à plat des équilibres qui permettent de financer la santé, l’éducation, la défense (et oui, pour les équilibres mondiaux), les retraites…
Une des pistes possibles serait de valoriser ce qui.. n’est pas consommé, plutôt que ce qui est consommé ! Pour cela, par exemple, il faudrait représenter comptablement la destruction de ressources dans le bilan de l’état et surtout des entreprises, et valoriser les énergies et ressources renouvelables et la réduction de leurs usages, les produits réutilisables plutôt que jetables…
Mais ceci est une autre histoire, le pendant, pourtant nécessaire, à cette sobriété.
Aller plus loin :
- Rue Juliette : la société de ma compagne, boutique Zero déchet, utilisant des contenants réutilisables, consignés, qu’elle a imaginée lors de notre volontée à changer de cap : ruejuliette.com
- Convention citoyenne pour le climat : https://www.conventioncitoyennepourleclimat.fr/
- Article sur le lien entre la vitesse, la consommation, et les coûts : cliquez ici
- Articles sur le minimalisme, cliquez ici.
Cet article vous a plu ? N’hésitez pas à me laisser un petit commentaire. Cela me fera très plaisir !
Bonjour ! Très bel article, qui résume bien ma pensée du moment alors que mon entourage râle déjà contre ces nouvelles mesures. Je pense qu’on a tout à y gagner à réduire et à consommer moins. J’ai longtemps cherché à me définir parce que je ne suis pas vraiment zéro-déchet, même si j’essaye de réduire. J’ai encore trop de bazar pour être minimaliste et je déteste l’appellation « frugal » qui sonne presque comme une insulte. Du coup, maintenant je dis que suis « Hygge »: le bonheur sans chichi à la danoise, ça me parle !
Merci beaucoup pour le commentaire. J’ai découvert récemment le « hygge » et le peu que j’en ai lu me parle beaucoup. Je me promets d’approfondir cela 😉
J’aime bien le point de vue que tu développes : vers une sobriété heureuse, qui est librement consentie, parce qu’on en comprend les enjeux … Intéressant, j’adhère.